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Kindness – World, You Need a Change of Mind

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Il n'y a tellement plus de mouvement ces derniers mois qu'à écouter la "pop" de Kindness on jurerait voir un corps dont les membres seraient emmêlés les uns avec les autres, un véritable freak humain, quelque chose de voué à clamser, ou de ridiculement incapable (pensez à Cylindric le Germain). Avec des sons particulièrement datés (un saxophone de 1975, des beats hip hop de 1989, des chœurs pop de 1991, une basse et une guitare disco de 1978, des soli soft-rock de 1976, et quelques ambitions post-house), c'est la musique la plus invraisemblable, anachronique et hybride à laquelle vous pourriez penser là tout-de-suite (demain, quelqu'un d'autre aura déniché un mélange encore plus chtarbé). A quoi bon ? Bon à rien de spécial, en fait. Le chanteur déverse ses suppliques gentiment efféminées dans un océan de synthétisme syncrétique dont l'unique vision est sa propre existence et puis c'est tout parce qu'il a bien mieux à faire (trouver, vous l'aurez compris de nouvelles façon d'agencer les disques de son enfance pour en faire un spacecake bouillonnant) que de chercher à faire danser, faire penser, faire ressentir ou faire avancer quoi que ce soit ou qui que ce soit. C'est de la pop ! Au sens le plus péjoratif du terme. De la musique populaire ré-orchestrée par un type du peuple (qui n'a rien d'un prolo cependant, vous savez bien que "du peuple" n'a plus cette connotation depuis des lustres) pour des branchés dans son genre, amateurs de sons prétendument originaux. Ils ne le sont bien évidemment pas puisqu'ils ont tous été repêchés.


(That's Alright)

Kindness, ça n'est pas de la composition, c'est de l'agencement. Ça n'est même pas de l'architecture, c'est de la décoration d'intérieur faite de récup', sans budget et sans idée préalable.Force est d'avouer, ne soyons pas avares, que de ce point de vue, ça n'est pas si mal. Dans la mesure où l'inventivité n'est pas au rendez-vous, c'est la capacité à gérer l'espace avec le matériau préalablement fourni qui est en jeu, et on peut sans problème le dire : Kindness, c'est un ou deux niveaux au-dessus de ce que fait Valérie Damidot.


(Cyan)

C'est sans doute vers Prince que lorgne Kindness (lequel Prince était parfaitement en accord avec son temps, sur lequel il avait un peu d'avance) et comme lui, on essaie ici de faire valoir une utopie qui n'en est pas une d'hédonisme et d'amour universel mais plutôt de festivisme outrancier. Or donc, le titre-même du disque ("World, You Need a Change of Mind", soit "Monde, Tu Dois Changer d'Opinion") tombe à plat, qui s'adresse à un "World" d'ores et déjà (et depuis bien quinze ans !) voué à la festivité permanente. Je peux reconnaitre un certain talent à Kindness pour disposer cotillons, guirlandes et buffet, d'une manière qui satisfera sans aucun doute tous les branchés fêtards dans l'audience, mais je me sens forcé de lui rappeler (en même temps qu'à ses futurs adeptes) que dans la mesure où dehors, c'est 2012, et pas 1989 ou même 2007, sa musique est le parfait exemple de l'expression d'un réactionnaire militant.

Joe Gonzalez


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